Avez-vous déjà entendu cette musique sombre et inquiétante ? Celle dont le refrain clair et froid, nappé des cymbales scintillantes de la batterie est traversée par les tons chauds de chaque coup de caisse claire ?
De l’art à la science, en passant par les différentes perceptions synesthétiques et certains travaux « optico-acoustiques » du XVIII e siècle : dans cet article, nous explorerons et analyserons les différents travaux et cheminements qu’ont élaborés les artistes et scientifiques des siècles derniers afin d’allier la musique aux couleurs.
La musique et les couleurs
Dans le « langage » du musicien, la couleur révèle souvent des variations tonales, sonores ou parfois même dynamiques sans pour autant jouer un rôle essentiel.
Les termes « accord », « tonalité », « nuance », « harmonie », « gamme », sont employés aussi bien dans le vocabulaire musical que dans celui de la colorimétrie. Le mot « chromatique » provenant du grec « χροµα » signifiant « la couleur », s’utilise aussi bien en peinture (le cercle chromatique) qu’en musique (la gamme chromatique).
Depuis maintenant plusieurs millénaires, à commencer par la Grèce antique, les nombres avaient une importance primordiale dans l’Univers. Aristote définissait le blanc et le noir comme des couleurs extrêmes qui, mélangées d’une main d’artiste, amenaient à toutes les autres couleurs. Il percevait l’existence de sons mélodieux ou dissonants tout comme il existe des couleurs agréables ou choquantes.
A la fin du XVIIe siècle Isaac Newton nous apprend qu’il y a sept couleurs dans l’arc-en-ciel, il mit alors en correspondance ces couleurs avec sept notes distinctes :
DO / RE / MI / FA / SOL / LA / SI
Ou selon les saxons : C / D / E / F / G / A / B
La musique peut elle avoir une couleur ?
Notre ouïe nous permet de distinguer un son ou même plusieurs fréquences, il sait également reconnaître plusieurs notes dans un accord, toutefois, s’il est impossible pour le moment d’établir des correspondances entre sons et couleurs sur un raisonnement purement scientifique. Un cas très rare provoque la perception d’une sensation colorée chez certains individus. C’est ce qu’on appelle la synesthésie.
La synesthésie touche environ 1 personne sur 2000, dont six fois plus de femmes que d’hommes et tout particulièrement les gauchères et gaucher. Il en existe plus de 80 formes différentes et parmi elles, la synesthésie musique-couleurs, provoque ce que l’on qualifierait être une audition colorée.
Lors du siècle précédent, le mathématicien suisse Leonhard Euler émettra une hypothèse audacieuse :
« Ce que sont par rapport à l’ouïe les divers sons dans la musique, les diverses couleurs le sont par rapport à la vue. La nature de chaque son est déterminée par un certain nombre qui marque les vibrations rendues en une seconde. Chaque couleur est astreinte à un certain nombre de vibrations qui agissent sur l’organe de la vision ».
Cette hypothèses nous amènera alors à tenter une mise en relation plus cartésienne des fréquences de vibrations aux longueurs d’ondes du spectre visible.
Que dit la science ?
De nos jours, il n’existe toujours aucune relation réelle entre la gamme des fréquences audibles par l’oreille humaine (20 à 20 000 Hz) et le spectre visible par l’œil humain (400 nm et 800 nm).
Une transposition concrète d’un domaine à l’autre pourrait-elle être envisageable ? De nos jours, malheureusement, les hypothèses convergent vers une opinion négative car en termes de fréquences, un intervalle d’une octave correspond au doublement de la fréquence et le domaine sonore audible s’étend sur plus de 10 octaves. Tandis que le domaine du spectre visible s’étend sur un équivalent représentant moins d’une seule octave.
Toutefois, si beaucoup d’artistes musiciens synesthètes des temps modernes tels que Lorde, Lady Gaga, Stevie Wonder, Pharell Williams, etc… peuvent témoigner d’une perception synesthétique différente, certains ont su retranscrire leurs propres perceptions d’audition colorée, il y a déjà plusieurs siècles.
Le peintre Charles Blanc-Gatti surnommé « Le Peintre des Sons » exprimait au sein de ses tableaux, sa propre vision colorée de la musique. Il ira même jusqu’à déposer un brevet en 1933 pour son « Orchestre chromophonique » qui associera aux concerts, des projections lumineuses à effets polychromes, synchronisés aux performances musicales.
Tandis que le peintre et violoncelliste Vassily Kandinsky, lui, affirmait pouvoir associer les couleurs à des instruments spécifiques : le rouge pour le tuba, l’orange pour l’alto ou encore le jaune pour la trompette.
Le physicien et mathématicien Français Louis Bertrand Castel dédia sa vie à l’élaboration de sa fameuse chimère : Le Clavecin Oculaire. En 1733 il se lancera dans des travaux expérimentaux « optico-acoustiques » et publiera « L’optique des Couleurs » en 1740.
Il prétendait pouvoir affecter l’œil par l’exposition aux couleurs tout comme le clavecin affecte l’oreille par les sons, mais hélas, les travaux de toute une vie ainsi que des investissements financiers titanesques n’auront pas eu raison de la science et ce clavecin oculaire ne vu jamais le jour.
Conclusion
Malgré le fait qu’il n’existe pour l’instant aucun moyen d’associer scientifiquement les couleurs aux sons, chez les humains, certains troubles non pathologiques permettent une sensation colorée au contact des vibrations sonores environnantes. Dans le domaine de l’ingénierie sonore, on retrouvera également l’association du spectre de la lumière à celui du son au sein de certains DAW et analyseurs graphiques permettant par la simple coloration des fréquences, de différencier les basses et les aigües .
Quoi qu’il en soit, les univers de la couleur et du son se rejoignent au sein des différentes perceptions humaines par la synesthésie, s’harmonisent dans l’expression artistique et se complémentent dans les domaines technologiques.
Et vous ? Comment percevez-vous la relation entre la musique et les couleurs ?
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